Le théâtre : un outil pour vaincre sa timidité ?

Nombreux sont les élèves des cours de théâtre à « se faire violence » et à monter sur scène pour apprivoiser leur timidité. Une audace qui porte ses fruits !

Le mot « timide » vient du verbe latin « timere » qui signifie « craindre ». Mais que craint donc le timide ? Le regard des autres ? La peur de se tromper ? D’être ridicule ? Sûrement un peu tout ça à la fois… La timidité n’est pas une mauvaise chose en soi ! Un grand nombre d’acteurs connus et reconnus sont de grands timides ou d’anciens timides maladifs. Jean-Louis Trintignant, Catherine Deneuve, Philippe Torreton… Tous admettent appartenir à la grande famille des timides. Certains en ont même fait une force. A l’image de François Cluzet, qui voit dans la timidité un vivier d’émotions : « Quand on est timide on garde tout en soit, et un acteur ne peut pas aller jouer s’il n’a rien en réserve ». Il ne s’agirait donc pas de « vaincre » sa timidité mais plutôt de l’apprivoiser afin qu’elle ne soit pas vécue comme une souffrance, une entrave dans la vie personnelle et professionnelle, un handicap pour la prise de parole au quotidien. C’est en cela qu’il est intéressant pour les timides de se pencher sur les vertus du théâtre en tant que moyen d’expression, de lâcher prise et de reconquête de l’estime de soi.

S’habituer au regard des autres

Faire du théâtre c’est se ménager un rendez-vous hebdomadaire avec les autres. L’esprit de troupe qui naît au sein des cours de théâtre favorise un climat d’écoute et de bienveillance. En s’habituant progressivement au regard des autres, et en découvrant que celui-ci est la plupart du temps très bienveillant, être sur scène n’est alors plus vu comme une épreuve insurmontable. Au contraire ! Au fil des cours, le « plateau » tant redouté devient l’opportunité d’oser, de s’exprimer, de surprendre ses camarades voire de se surprendre soi-même.  



Apprendre des autres

Par ailleurs, durant les cours de théâtre, il est courant d’alterner les phases de jeu et les moments dans le public en tant que spectateur. La frontière entre ces deux rôles, celui du regardant et du regardé, devient de plus en plus poreuse au fil de la pratique théâtrale. Observer les autres jouer c’est mieux comprendre les failles et les facilités de chacun. Le timide, s’il a plus de mal à extérioriser ses émotions au début, peut par exemple faire preuve d’un imaginaire foisonnant, d’une capacité d’observation plus développée…autant de qualités qui enrichiront son jeu une fois sur scène !

Avancer masqué

Interpréter un rôle est l’occasion de s’exprimer en endossant les habits du personnage. D’ailleurs le « personnage » se rapporte étymologiquement le masque de l’acteur. Les timides peuvent se sentir libérer par ce masque qui leur permet de se livrer en atténuant la peur du jugement. Le travail de construction du personnage facilite la familiarisation avec cet autre que soi tout en puisant dans ses émotions propres. Bref en jouant, le timide peut tout oser en avançant l’argument imparable : « C’est pas moi c’est le personnage ! »

S’amuser pour s’oublier

Au-delà de l’appréhension du regard des autres, c’est souvent le regard que l’on porte sur soi qui freine l’expression. Rien de pire pour l’acteur que de « se regarder jouer ». Le moment privilégie du cours de théâtre est une invitation à renouer avec la dimension ludique de l’expression, avec le plaisir du jeu. En étant tout entier à la scène qui se joue, le timide s’oublie et oublie ses craintes par la même occasion. Et une fois libérés de leurs entraves, les timides peuvent aller bien plus loin que les autres ! Prendre confiance dans le cadre d’un atelier théâtre peut ainsi être la première étape pour oser prendre la parole dans d’autres situation professionnelles ou personnelles…sans avoir à porter de masque cette fois !