Lissa Trocmé

Interview des professeurs : Lissa TROCME

Son regard pétillant et son sourire complice annoncent la couleur : Lissa n'est jamais à cours d'idées de mises en scène délirantes.
Rencontre avec une passionnée à l'énergie communicative.


Depuis combien de temps es-tu prof ? Et prof au Cours Clément ?
Je suis prof depuis 2006, et je suis arrivée au Cours Clément en 2015.


Quel est ton parcours théâtral ?
J’ai fait toutes mes études en spécialité théâtre, du lycée jusqu’en fac.
J’ai commencé par le classique, et la tragédie en particulier.
Puis je me suis dirigée vers le café-théâtre, afin de travailler la rythmique de l’humour en lien direct avec le public.
Par la suite, j’ai glissé vers l’univers du sketch, de l’impro, et c’est tout naturellement que je me suis mise au clown et à la commedia dell’arte. J’ai travaillé la méthode Actor Studio, de Stanislavski à Strasberg en passant par Meisner... Des maîtres incontournables en la matière.
Et de cours en stages, d’écoles en rencontres, j’ai commencé à travailler assez rapidement dans diverses compagnies.
Café-théâtre, Sitcom théâtrale, Soap opéra, Comédie musicale, Shakespeare, Vaudeville, Clown, Masque, Spectacle enfant, Théâtre de rue tout en enseignant, en parallèle, à des élèves de 2 à 75 ans.


Est-ce que tu te souviens de ton premier cours ? De ton premier spectacle ?
Mon premier cours, c’était pour remplacer un prof au pied levé dans une petite commune aux alentours de Montpellier.
C’était un cours intergénérationnel de comédie musicale dont le thème était une école de super-héros dont les pouvoirs surnaturels étaient révélés par la musique. J’ai eu 3 mois pour le créer et le monter avec des enfants et des adultes de tous âges. . C’était vraiment bien.


Ton meilleur / pire souvenir de théâtre ?
Mon meilleur souvenir de théâtre… en fait ce sont tous les finals de mes élèves où nous avons eu des standings ovations, ou des applaudissements spontanés et des réactions fortes dans la salle, en résonance avec ce qui se passait sur scène.
Ce sont des moments de grâce sincères, vrais et généreux, où le personnage prend pleinement possession de son comédien et percute le public en plein coeur. C’est complètement mystique…
Le pire moment, c’est quand j’étais en régie, et qu’un de mes élèves a eu un trou de mémoire sur scène. Je cherchais par tous les moyens à l’aider, avec le son, la lumière… mais impossible… C’était vertigineux et semblait interminable. Mais la magie de l’esprit de troupe opère dans ces moments-là. Le groupe a fait block et a réussi à le remettre sur ses rails. Ça fait aussi partie des bons souvenirs qui soudent et qu’on s'amuse à raconter. Une aventure au coeur de l’aventure.


Une anecdote dingue / drôle ?
Un fois, j’ai un élève qui s’est cassé le pied trois jours avant de jouer, oui bon, c’est pas drôle, mais ce qui est dingue, c’est que son binôme, qui connaissait tout son texte par coeur, a joué les deux rôles en faisant parler une marionnette à doigt à la place de son partenaire absent. C’était génial ! La pièce a pris une toute autre dimension. Il avait 12 ans. Un héros plein de talent et de courage.



Quel est l’esprit que tu essaies d’insuffler dans tes cours ?
L’esprit de Troupe. C’est ce qui compte le plus pour moi, que les élèves viennent pour travailler et apprendre dans la joie, et qu’ils aient hâte de retrouver des gens qui deviendront leurs amis et leurs meilleurs alliés.
Quand on est soudés hors plateau, il ne peut rien arriver de grave sur scène. Si les élèves pigent vite ça dans mon cours, ils ont tout gagné. Et moi donc !


Comment tu décrirais ton travail / ta méthode ?
Je travaille d’abord sur la cohésion de groupe, afin d’arriver à un état de confiance qui permettra à chacun de lâcher prise en présence et avec l’aide des autres.
Je fais travailler sur les émotions et la mémoire sensorielle, le corps et ses impulsions, la musique et l’intuition, la mise en espace et la prise de risque. Après, le reste du travail dépend de l’esprit du groupe.

Le principal, c’est qu’on ne se prenne pas au sérieux, mais qu’on le soit dans le travail.
Tous les exercices que je fais faire sont à travailler avec tout son être.

J’apporte aux élèves des outils dont ils auront besoin quand je les dirigerai lors de la création du spectacle. Ils pourront utiliser sur scène s’ils en ressentent le besoin ou l’impulsion. Ce sont les gages de leur liberté créative. Mais pour cela, il faut savoir les maîtriser, donc travailler et s’entraîner.


Qu’est-ce que tu aimes monter comme spectacle ? Quel théâtre aimes-tu ?
J’aime beaucoup monter les auteurs contemporains qui parlent de la folie des hommes, mais aussi de ce qui les éclaire, les rapproche et fait d’eux des êtres profondément humains. J'aime travailler sur les dimensions du clair-obscur. Sans obscurité, pas de lumière, ni du nuance, et inversement. Par exemple, j'aime particulièrement Mohamed Rouabhi, Ahmed Madani, Wajdi Mouawad, Carole Frechette… il y a aussi Shakespeare, Marius Von Mayenburg, Franca Rame… il y en a tellement qui me font vibrer et délirer…


Ce que tu aimes chez un comédien / une comédienne ?
Ce qui est important déjà, c’est qu’il me fasse confiance. Je suis bienveillante et à l’écoute. Pour que l'on avance ensemble avec assurance, il est bon qu’il ose me parler, me dire ce qu’il ressent, ce qu’il comprend, ce qui le questionne ou l’interpelle et le percute, sans se frustrer. Nous sommes comme des partenaires d'escalade.

Je compose avec mes comédiens, nous composons ensemble et pour que la symbiose se fasse, entre nous, il ne faut pas avoir peur de nous livrer. Quand cette confiance est là, j’aime quand un comédien connaît parfaitement son texte et qu’il se jette littéralement sur le plateau. A partir de là, l’exploration et la métamorphose peuvent commencer. Et ensemble, on crée une réalité dans la réalité. La nôtre.



LE PORTRAIT « CLEMENT » :



Si tu étais une pièce de théâtre ?
"
Jusque dans vos bras", des chiens de Navarre, Jean-Christophe Meurisse (je ne loupe aucun de leurs spectacles)

Si tu étais un auteur de théâtre ?
William Shakespeare, tout y est.

Si tu étais un comédien / une comédienne ?
Meryl Streep / Leonardo Di Caprio , pour moi ils sont des monstres sacrés.

Si tu étais un personnage ?
Portia dans "le Marchand de Venise" de William Shakespeare.

Si tu étais un plat ?
Je serais des fajitas. On compose avec ce qu’on a.

Si tu étais un film ?
"Another Happy day" de Sam Levinson. Pour moi ce film est une symphonie.

Si tu étais un livre ?
"
L’inespérée" de Christian Bobin. Il me fait du bien au coeur et à l'âme.

Si tu étais une destination de vacances ?
La Thaïlande, le pays des hommes libres et du sourire.

Si tu étais un animal ?
Un albatros, à l'aise dans les airs et dans l'eau, mais un peu gauche sur la terre.

Si tu étais une oeuvre d’art ?
"La nuit étoilée" de Van Gogh, le tableau parle de lui-même.

Si tu étais un super pouvoir ?
Celui de voyager dans le temps.

Si tu étais une réplique de film / théâtre ou citation ?
- « Si tu n’as pas confiance en toi, fais confiance à ton personnage ».

- « Prends le temps de regarder pour voir, d'essayer pour comprendre et d'aimer pour y croire. » moi

Si tu étais un personnage de Friends ?
Je serais Phoebe sans aucune hésitation

Si tu étais un sport ?
L’escalade

Michel Sardou ou Johnny Hallyday ?
Johnny Hallyday mais franchement…

Messi ou Cristiano Ronaldo ?
Cristiano Ronaldo, mais bon, en même temps, j’y connais rien

Koh Lanta ou Top Chef ?
Top chef à Koh Lanta.

Film ou série ?
Série

Fiction ou réalité ?
Une réalité dans la fiction

Boire ou conduire ?
Conduire

Adam ou Eve ?
La pomme

Gloire ou Argent ?
L'Argent est une énergie qui permet de faire des choses et d’avancer.

César, Oscars, Molière ou Palme ?
Aucun, c'est pour moi une mascarade de mondanités.

Comédie ou Tragédie ?
Comédie. Il est bien plus difficile de faire rire que de faire pleurer.

Monologue ou Dialogue ?
Le dialogue

Batman ou Joker ?
Joker

Improviser ou suivre le texte ?
Savoir improviser en suivant les objectifs du personnage dans la situation du texte.

Sexe ou amour ?
L’amouuur…