Interview des élèves : Elise PARMENTIER

Certains disent qu'elle a été la muse de William Shakespeare pour la création de Lady MacBeth. On ne pourra malheureusement jamais vérifier. D'autres disent que Robert Louis Stevenson devait à l'origine intitulé son célèbre roman : Docteur Parmentier et Miss Elise. A la fois douce, disponible, un brin lunaire, elle est aussi complètement rock and roll, folle et amoureuse des rôles de psychopathes.

Qui es-tu ?
Ancienne avocate reconvertie en juriste dans la tuile et la brique, parisienne d’adoption avec des racines lilloises, trentenaire, heureuse propriétaire d’un poisson rouge, et préposée aux rôles de psychopathes.

Quel est ton parcours au Cours Clément ?
Après des années à me dire que ce serait peut-être bien que je refasse du théâtre après un franc succès dans le rôle du Prêtre dans Roméo&Juliette en troisième, je me suis lancée dans une analyse détaillée des offres de cours pour adultes amateurs… mi-décembre 2015 (oui oui, je n’ai aucun sens du timing). Une seule école paraissant sérieuse proposait des cours sur un semestre et, la boule au ventre, j’ai envoyé mon chèque (après avoir vérifié sur Infogreffe que l’école existait bien, on ne se refait pas).
C’était parti pour six mois de cours Découverte ! La petite saynète de fin d’année devant 20 personnes était chouette, mais ça y est, j’étais mordue, il m’en fallait plus. Sur les conseils de mon professeur, je me suis donc lancée dans un cours Débutant, à un horaire convenable, avec une représentation en fin d’année dans un « vrai » théâtre. J’ai choisi mon prof pour deux mots sur sa bio : classique et Shakespeare (et sans influence aucune de la photo). J’ai découvert qu’en vrai, la bio (et la photo) sont parfois un peu trompeuses, mais aussi que la réalité est bien plus intéressante que la publicité. J’ai eu la chance de rencontrer une troupe incroyable, et d’être guidée par un professeur exigeant, mais qui garde toujours à l’esprit que le théâtre est avant tout du jeu, et que nous sommes là pour nous faire plaisir. J’ai donc signé pour une deuxième année avec une bonne partie de la troupe et ce professeur. Garder deux ans de suite la même direction m’a permis d’exprimer d’autres facettes de jeu, moins évidentes en apparence.
Ensuite est venu le temps du grand saut : passer en cours Confirmé et jouer trois représentations de la pièce de fin d’année. L’enjeu est différent, le professeur change et l’investissement de la troupe également. D’autant plus qu’il a été décidé de s’attaquer à un monument : Shakespeare. Je renoue avec mes premières amours, et prends davantage conscience de la liberté qu’offre la scène, et du plaisir qu’on y trouve. Cette année, je suis une nouvelle fois en cours Confirmé, avec un autre professeur, et je travaille avec assiduité pour qu’en juin, je retrouve ce plaisir incroyable d’offrir à un public un moment d’évasion travaillé collectivement.

Pourquoi faire du théâtre ?
Le théâtre a toujours été un appel, une envie, un besoin. On me demande souvent si je fais du théâtre en raison de mon ancienne profession (avocat), pour aider à la prise de parole en public. Pour moi, le théâtre n’est pas un moyen d’être plus à l’aise professionnellement (même si cela aide grandement !). Le théâtre aide à prendre conscience de notre corps (posture, voix, attitude), notre premier instrument, et de nos limites (confiance, lâcher-prise). Ce n’est cependant pas un art « égoïste » (sinon autant faire du yoga), car donner et recevoir, avec la troupe et le public, est à mon sens la vraie raison pour laquelle j’aime faire du théâtre.

Lorsque je me suis inscrite au Cours Clément, je pensais que le plaisir de jouer venait du fait de "performer". Je me suis aperçue, guidée par des professeurs d’exception, que s’il est sympathique d’être, pour un instant, un autre, c’est avant tout la communion avec le public et l’échange d’émotions qui rend le théâtre si fort et qui nous donne envie d’y retourner, encore et encore.

Qu’est-ce que tu aimes au Cours Clément ?
Il règne au Cours Clément une atmosphère de bienveillance avec ces adultes soumis à une vie parisienne trépidante et des boulots de fous, qui prennent le risque, une fois par semaine, de se mettre à nu au théâtre.
Le plaisir de jouer est toujours mis en avant, et chacun est accompagné pour l’éprouver.
Le Cours Clément a aussi à cœur de créer, outre un esprit de troupe au sein de chaque cours, un esprit d’école – avec la Grande Soirée Impro et l’organisation de soirées mémorables dont bien souvent on ne se rappelle plus…

Une anecdote de théâtre ?
J’ai rencontré au Cours Clément un groupe de copines qui sont devenues des amies avec lesquelles je partage aujourd’hui, outre les cours de théâtre, le marché du dimanche matin, le vestiaire (deux d’entre elles ont monté leur propre marque), mes vacances (pour le festival d’Avignon bien évidemment), mais aussi et surtout mes apéros, même en période de confinement !

Un conseil à donner à ceux qui veulent faire du théâtre ?

(Re)commencer le théâtre, cela fait toujours un peu peur. Peur de se mettre en danger, peur de ne pas savoir, de ne pas pouvoir, de ne pas avoir le temps. Une fois le pas sauté, on se dit qu’on a eu tort d’avoir si peur. Parce que tout le monde est dans le même état. Parce que personne ne te juge. Parce que tu fais ce que tu peux (et très bien même). Donc il faut outrepasser ses peurs, et remplir ce fichu formulaire d’inscription et se rendre au premier cours !

Qu’est-ce que le théâtre t’apporte dans la vie de tous les jours ?
Outre le fait de savoir placer sa voix sur la ligne 13 pour que les passagers prennent conscience que oui, vous voulez descendre et que non, vous n’avez aucune envie de découvrir là maintenant tout de suite les joies de Saint-Denis Université, le théâtre aide à prendre conscience de son corps, et de l’espace qu’il occupe. Le théâtre apporte également une bulle de temps dans une semaine chargée, où il n’y a rien d’autre à penser que de sortir de nous-même. Enfin, le théâtre apporte également la possibilité de rencontrer des personnes extraordinaires qui pour certaines deviendront des amis.

Ton niveau de trac avant de monter sur scène ?
Extrême, entraînant un changement de personnalité vers Chucky à mesure que se rapproche l’heure de la pièce.

Sur quoi aimerais-tu progresser ? Ce que tu voudrais explorer ?
J’aimerais encore davantage progresser sur mon lâcher-prise et ma capacité à réaliser de bonnes impros (je n’ai clairement pas d’idées à ce niveau, je joue donc les décors en fond de scène). J’aimerais aussi explorer davantage mon potentiel comique (sisi, je suis sûre qu’il existe).



LE PORTRAIT « CLÉMENT » :


Si tu étais une pièce de théâtre ?
Phèdre : Queen, drama, mots compliqués et amours impossibles.

Si tu étais un auteur de théâtre ? Sexy comme Michalik, Rock comme Shakespeare et expirant au milieu d’une scène comme Molière.

Si tu étais un comédien / une comédienne ? Apparemment je meurs comme Marion Cotillard, mais en vrai j’aimerais être Jeanne Moreau.

Si tu étais un personnage ? Haaaaaa mon côté fleur bleue a toujours eu un faible pour Rose DeWitt Bukater : jeune fille distinguée, bien élevée, aimant l’art qui envoie tout valser pour Léo (mais qui reste forte et indépendante en ne laissant pas la place qu’il faut sur le radeau).

Si tu étais un plat ? Un truc a priori simple et doux, mais en fait surprenant et piquant. Genre du guacamole.

Si tu étais un film ? Romeo+Juliet (Baz Lurhman) : classique, kitsch, rock, tragique.

Si tu étais un livre ? "Cent ans de solitude" pour le réalisme magique.

Si tu étais une destination de vacances ? Une maison en bord de mer Méditerranée par pur esprit de contradiction avec mes origines ch’tis.

Si tu étais un animal ? Un Scottish Fold (un tit chat trop mignon quand même un peu sociable qu’il faut respecter et ne pas bousculer)

Si tu étais une œuvre d’art ? Le Requiem de Mozart : démonstratif, glorieux, intemporel.

Si tu étais un super pouvoir ? Catwoman : indépendante, ambivalente et stylée.

Si tu étais une réplique de film / théâtre ou citation ? Frankly my dear, I don’t give a damn.

Si tu étais un personnage de Friends ? Monica, clairement. Est-ce normal ?

Si tu étais un sport ? Netflix.

Michel Sardou ou Johnny Hallyday ? Johnny, pour tous les air guitar qu’il offre, la rock’n roll attitude et l’émotion, parfois (Diego, Les Portes du Pénitencier)

Messi ou Cristiano Ronaldo ? Le côté mauvais garçon de Cristiano m’a toujours fait fondre (on parle bien de physique, hein ?)

Koh Lanta ou Top Chef ? Ni l’un ni l’autre. Je regarde Arte (et les Marseillais à Cancun, il faut trouver un équilibre).

Film ou série ? Tant que la qualité y est, l’un ou l’autre me vont. D’autant plus que j’ai tendance à regarder les films comme les séries, morcelés.

Fiction ou réalité ? La fiction dans la réalité (cf. réalisme magique, théâtre 😉)

Boire ou conduire ? Boire. Sans hésiter.

Adam ou Eve ? Eve ! Cette grande tentatrice ayant soif de découverte…

Gloire ou Argent ? Un peu des deux 😉

César, Oscars, Molière ou Palme ? Molière ! Davantage de liberté d’expression et de possibilité de dire des conneries (même si l’après doit être moins garni que pour les autres).

Comédie ou Tragédie ? Pourquoi choisir ?

Monologue ou Dialogue ? Je dialogue souvent avec Macbeth (mon poisson rouge), mais en vrai, serait-ce un monologue ?

Batman ou Joker ? Joker !

Improviser ou suivre le texte ? Improviser en suivant le texte ; avoir l’idée générale en terminant par le bon mot pour que ton partenaire puisse s’y retrouver.

Sexe ou amour ? Bah en période de confinement c’est compliqué de répondre à cette question…